mardi 26 avril 2016

Musée Guggenheim : art vivant

Le hall central dessert toutes les salles du rez-de-chaussée, ainsi que les escaliers et ascenseurs permettant d'accéder aux étages. Nous prenons donc, après avoir bu les explications de notre audio-guide à propos de Frank Gehry, la direction de la salle 104, nommée Richard Serra, la matière du temps. Elle révèle une installation de sculptures géantes, en métal, et sont offertes au musée par Arcelor Mittal, l'un de ses mécènes privés célèbres.
Tant qu'à offrir de l'argent, autant que cela serve à se mettre en lumière.
Cette installation repose dans une salle gigantesque que les huit ou neuf œuvres tendent à faire paraître de taille presque banale. Mais ici, tout est fait pour tromper les perceptions, pour jouer sur les perspectives, pour dérouter nos sens.
Les œuvres sont espacées d'une bonne vingtaine de mètres mais n'en semblent pas moins impressionnantes par leur dimensions. Spirales, vagues, (presque) rectangulaires, les sculptures révèlent leurs secrets dès que nous pénétrons en leur sein. En effet, les lignes sont fuyantes, évasées en leur sommet ou en leur base, les verticales ne le sont pas, mais vu de l'extérieur, rien ne peut le laisser présager.

©patrickbeguinel
Nous commençons par la première, en forme de spirale. Nous pénétrons à l'intérieur en nous disant qu'il s'agira là d'un escargot et que nous allons nous retrouver au centre rapidement. Mais nous avons faux car, s'il s'agit effectivement d'un escargot, ses dimensions surprennent et nous mettons plus de temps à rejoindre son centre que nous l'avions pensé. Impossible de dire le nombre de tour du centre que nous faisons, probablement trois, avant de nous y trouver enfin. Le vertige nous assaille : le chemin est large, les parois inclinées, le ciel s'ouvre, tout déroute, les lignes de fuite n'existent plus, celles d'horizon non plus. Etrange sensation. Notre oreille interne en est perturbée car ce que nos yeux voient n'est pas en corrélation. Les sens sont donc chamboulés, les distances et dimensions sont elles déformées. Maximum d'effet garanti !
Les sculptures sont couleur rouille, avec de nombreuses traces de coulures orangées. L'aspect métal, même s'il est lisse, est visible. Pourtant, nous avons l'impression qu'il s'agit de bois plus que de métal. Pourtant, il s'agit de plaque d'acier, aucun doute. Ici également nos perceptions sont le fruit de nos sens. Seul le toucher nous permet de vérifier la matière.

©patrickbeguinel
Dans une petite salle adjacente, des miniatures, ou plutôt des maquettes à l'échelle, sont disposées sur une table. Des épures y sont également visibles, avec des représentations d'angles de courbures, ainsi que des explications. Malheureusement, notre niveau en anglais, espagnol et basque, ne nous permet pas d'en saisir toutes les nuances, ce qui est un peu regrettable. Quoi qu'il en soit, ces miniatures nous démontrent que les pièces géantes ne sont pas arrivées là par hasard, qu'elles sont le fruit d'une réflexion et d'une pensée globale. Il n'y a aucun hasard, juste des calculs poussés et des réglages d'ordinateur et/ou de machine outils.
Après la salle 104 , direction salle 101, salle ouverte sur le hall dans laquelle une dizaine de colonnes lumineuses sont visibles. Il s'agit là d'une installation unique de Jenny Holzer, spécialement conçue pour le musée. Composées de diodes électroluminescentes (LED), évoquant les panneaux publicitaires de Time Square à New-York, cette installation véhiculent des messages en anglais ou espagnol. 

©patrickbeguinel
Du côté hall, les LED sont rouges, tandis que du côté fermé elles sont bleues, et sont parfois immobiles, parfois défilantes. Les messages sont brefs, ce sont des injonctions à vivre et comme des publicités, elles exhortent à parler d'amour, à s'embrasser.
L'effet, côté fermé, est saisissant. En effet, le bleu des LED se reflète sur le mur laqué (et une nouvelle fois par vraiment vertical). Le résultat ? Une ambiance un peu froide, bleutée comme à l'intérieur d'un glacier. Du côté ouvert, c'est le feu du rouge qui contraste violemment avec l'aspect froid du verso des colonnes.
Lorsque les textes s'animent, un effet stroboscopique voit le jour, envahit les lieux et les visages des visiteurs. Cependant, peu d'entre eux s'arrêtent très longtemps dans cette salle qui, si elle est intéressante, ne rivalise aucunement avec ce qui suivra de la visite, à savoir, dans un premier temps, l'exposition Ombre dédiée à Andy Warhol, à Cellules de Louise Bourgeois et au troisième étage réservé aux chefs d'oeuvre de la collection Guggenheim.

©patrickbeguinel

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