Le hall central dessert
toutes les salles du rez-de-chaussée, ainsi que les escaliers et
ascenseurs permettant d'accéder aux étages. Nous prenons donc,
après avoir bu les explications de notre audio-guide à propos de
Frank Gehry, la direction de la salle 104, nommée Richard Serra, la
matière du temps. Elle révèle une installation de sculptures
géantes, en métal, et sont offertes au musée par Arcelor Mittal,
l'un de ses mécènes privés célèbres.
Tant qu'à offrir de
l'argent, autant que cela serve à se mettre en lumière.
Cette installation repose
dans une salle gigantesque que les huit ou neuf œuvres tendent à
faire paraître de taille presque banale. Mais ici, tout est fait
pour tromper les perceptions, pour jouer sur les perspectives, pour
dérouter nos sens.
Les œuvres sont espacées
d'une bonne vingtaine de mètres mais n'en semblent pas moins
impressionnantes par leur dimensions. Spirales, vagues, (presque)
rectangulaires, les sculptures révèlent leurs secrets dès que nous
pénétrons en leur sein. En effet, les lignes sont fuyantes, évasées
en leur sommet ou en leur base, les verticales ne le sont pas, mais
vu de l'extérieur, rien ne peut le laisser présager.
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©patrickbeguinel
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Nous commençons par la
première, en forme de spirale. Nous pénétrons à l'intérieur en
nous disant qu'il s'agira là d'un escargot et que nous allons nous
retrouver au centre rapidement. Mais nous avons faux car, s'il s'agit
effectivement d'un escargot, ses dimensions surprennent et nous
mettons plus de temps à rejoindre son centre que nous l'avions
pensé. Impossible de dire le nombre de tour du centre que nous
faisons, probablement trois, avant de nous y trouver enfin. Le
vertige nous assaille : le chemin est large, les parois
inclinées, le ciel s'ouvre, tout déroute, les lignes de fuite
n'existent plus, celles d'horizon non plus. Etrange sensation. Notre
oreille interne en est perturbée car ce que nos yeux voient n'est
pas en corrélation. Les sens sont donc chamboulés, les distances et
dimensions sont elles déformées. Maximum d'effet garanti !
Les sculptures sont
couleur rouille, avec de nombreuses traces de coulures orangées.
L'aspect métal, même s'il est lisse, est visible. Pourtant, nous
avons l'impression qu'il s'agit de bois plus que de métal. Pourtant,
il s'agit de plaque d'acier, aucun doute. Ici également nos
perceptions sont le fruit de nos sens. Seul le toucher nous permet de
vérifier la matière.
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©patrickbeguinel
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Dans une petite salle
adjacente, des miniatures, ou plutôt des maquettes à l'échelle,
sont disposées sur une table. Des épures y sont également
visibles, avec des représentations d'angles de courbures, ainsi que
des explications. Malheureusement, notre niveau en anglais, espagnol
et basque, ne nous permet pas d'en saisir toutes les nuances, ce qui
est un peu regrettable. Quoi qu'il en soit, ces miniatures nous
démontrent que les pièces géantes ne sont pas arrivées là par
hasard, qu'elles sont le fruit d'une réflexion et d'une pensée
globale. Il n'y a aucun hasard, juste des calculs poussés et des
réglages d'ordinateur et/ou de machine outils.
Après la salle 104 ,
direction salle 101, salle ouverte sur le hall dans laquelle une
dizaine de colonnes lumineuses sont visibles. Il s'agit là d'une
installation unique de Jenny Holzer, spécialement conçue pour le
musée. Composées de diodes électroluminescentes (LED), évoquant
les panneaux publicitaires de Time Square à New-York, cette
installation véhiculent des messages en anglais ou espagnol.
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©patrickbeguinel
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Du côté hall, les LED
sont rouges, tandis que du côté fermé elles sont bleues, et sont
parfois immobiles, parfois défilantes. Les messages sont brefs, ce
sont des injonctions à vivre et comme des publicités, elles
exhortent à parler d'amour, à s'embrasser.
L'effet, côté fermé,
est saisissant. En effet, le bleu des LED se reflète sur le mur
laqué (et une nouvelle fois par vraiment vertical). Le résultat ?
Une ambiance un peu froide, bleutée comme à l'intérieur d'un
glacier. Du côté ouvert, c'est le feu du rouge qui contraste
violemment avec l'aspect froid du verso des colonnes.
Lorsque les textes
s'animent, un effet stroboscopique voit le jour, envahit les lieux et
les visages des visiteurs. Cependant, peu d'entre eux s'arrêtent
très longtemps dans cette salle qui, si elle est intéressante, ne
rivalise aucunement avec ce qui suivra de la visite, à savoir, dans
un premier temps, l'exposition Ombre dédiée à Andy Warhol, à
Cellules de Louise Bourgeois et au troisième étage réservé aux
chefs d'oeuvre de la collection Guggenheim.
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©patrickbeguinel
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