jeudi 12 novembre 2015

La raison de ma présence 4 et fin

"Continuez, lui dis-je.

- Bien.Tout d'abord il faut que tu saches que je n'aime pas du tout cela. Je n'en suis jamais venu à ce genre... d'extrême en pratiquant mon hobby. Surtout vis à vis de l'un de mes élèves. J'ai toujours dissocié le travail du plaisir... Il y a eut, sur tes devoirs, cette série de chiffres. Elle m'indiquait que nous nous retrouverions ici-même aujourd'hui, mais elle m'indiquait aussi que d'autres allaient suivre. Je tergiverse en te disant cela, je t'ai déjà expliqué... J'en viens au but. Oh mon Dieu, c'est dur! Voilà... Il s'agit de ton père..."

J'ai dû pâlir car aussitôt il s'est levé pour mettre sa main sur mon épaule.

"Il va... il va lui arriver quelque chose. Mon Dieu pardonne moi... En rentrant chez toi après son travail, la voiture de ton père va percuter un véhicule et ton père... Ton père n'en sortira pas vivant...

- Conneries! Vous êtes complètement taré ou quoi?"

Je me levais rapidement et sortit de la salle. Derrière moi j'entendis le professeur me crier de revenir, qu'il avait d'autres choses à me dire mais j'étais dans un état tel que je me contentais de fuir dans le dédale désert de couloirs du bahut. Je n'entendais plus aucun bruit, seulement celui de mon coeur qui battait à ton rompre.
Je suis arrivé chez moi en transpirant abondamment. Je n'avais jamais dû rentrer aussi vite de ma vie à mon domicile. Ma mère essaya de m'adresser la parole mais je fus hermétique à toute communication. je m'enfermais dès lors dans ma chambre pour y être tranquille. Je mis la musique à fond et plongeai la tête dans l'oreiller afin d'y étouffer des cris de rage. S'il avait dit vrai, les chiffres lui auraient révélés ma réaction et il aurait agit différemment. C'était de pures conneries! Qu'est-ce que j'avais été con de l'écouter! Je refusais de croire les paroles de ce vieux con qui voulait sûrement me soutirer de l'argent d'avoir été ainsi mis dans la confidence du destin! Quel con j'avais été mais je me promettais que je ne croiserait plus jamais ce prof, où que j'aille et quoi que je puisse faire.

Par chance, cela n'arriva pas. Je ne le revit jamais et j'en fus fort heureux. Quelques années passèrent avant que cet événement ne s'invita à nouveau dans ma vie. Il se rappela à moi lorsque mon père fut victime d'un accident de la route. Alors qu'il se trouvait sur une petite route de campagne, un camion s'engagea dans le carrefour sans avoir vu que mon père arrivait. la faute à un rayon de soleil qui l'aurait ébloui. Les tests d'alcoolémie et de toxicomanie ne révélèrent aucune substance dans son organisme, peut-être avait-il dit la vérité après tout. C'était tout bête comme accident; la voiture de mon père s'encastra dans la remorque du poids lourd, ne lui laissant aucune chance de survie.

Lorsque l'on m'annonça la nouvelle, je fus anéanti. Je n'en ai pas cru mes oreilles. Ni mes yeux quand, un peu plus tard, je découvris le corps sans vie sur son lit de mort. J'étais en colère contre ce conducteur imprudent, contre mon paternel qui n'avait su ou pu éviter le drame. J'étais même en colère contre mon prof qui m'avait averti que cela arriverait. Peut-être m'aurait-il expliqué comment rendre cet accident impossible? Peu importe car, paradoxalement, j'étais reconnaissant envers ce professeur. Même si je me disais, inconsciemment, que tout cela n'était que fables, que tous ses dons de divinations n'étaient que pures conneries, inconsciemment cela me permit de me rapprocher de mon père.
Entre la discussion dans la petite salle et le jour de l'accident, j'ai pris le temps de parler avec papa. J'ai remonté avec lui le fil de ses souvenirs, j'ai découvert qui il était, ce qu'il aimait, ce qui le faisait rêver. En découvrant cela, je me sentais plus proche de lui, mais également de moi-même. je découvrais alors qu'elles étaient mes origines, où étaient plantées mes racines et cela m'avait permis d'avancer dans la vie avec plus de confiance en moi et envers les autres. J'aimais profondément mon père et même s'il nous a quitté, je sais qu'en moi coule une partie de sa mémoire.

fin

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