mercredi 21 octobre 2015

La raison de ma présence

J'attendais dans le couloir que la porte me permettant de pénétrer dans la salle de cours s'ouvre. J'étais seul et me demandais si un quelconque cours avait lieu aujourd'hui. Les examens de fin d'année n'étaient plus qu'un lointain souvenir dont l'issue, pour moi, correspondait à l'obtention du bac. Cela n'avait pas été une mince affaire que d'obtenir ce précieux sésame mais à force de travail, j'y étais parvenu.
J'ignorais avec exactitude pourquoi je me trouvais là, Je savais juste qu'une irrépressible force m'avait tiré du lit, combien même une grasse matinée s'offrait à moi. Impossible de trouver une explication rationnelle quant à ma présence devant cette salle que j'avais tant fréquenté ces derniers temps.
J'avais pris le bus numéro 28 et j'étais désormais assis par terre, face à la porte 36.2 correspondant à la salle de sciences physiques. Adossé au mur donnant sur le patio « Eiffel ». J'avais mon sac de cours posé à côté de moi. Il ne contenait que quelques feuilles petits carreaux format 21x 29,7 cm, un stylo à encre noir, une pomme rouge, peut-être une Pink Lady, et mon MP3 qui distillait en continu depuis deux heures la musique des Dead Weather.
Le bahut semblait vide. Je n'avais vu personne à travers les enfilades de couloirs, ni profs, ni élèves, pas plus en tournant la tête vers la gauche qu'en la tournant vers la droite. Je ne voyais pas non plus de personnel administratif ou de préposés à l'entretien des lieux. C'était le désert, il n'y avait que moi et ma musique. Celle-ci, se déversant dans mes oreilles, était la seule source d'une vie extérieure à la mienne.
Dans ce silence de mort, l'électricité des guitares me rendait de plus en plus nerveux, comme si je me trouvais enfermé dans une espèce de quatrième dimension claustrophobe. Ne voir personne à l'autre bout de la perspective en semi-pénombre avait la fâcheuse tendance à me rendre anxieux à l'extrême.
Je n'aimais pas cette sensation , celle de me croire le dernier être vivant au monde. Cela m'arrivait par moment de la ressentir, souvent le dimanche, pour être honnête, quand les faubourgs de ma citée dortoir étaient délaissés par les passants. A ces moment-là, je n'avais qu'une envie, hurler au monde de se lever, d'envahir les rues pour me prouver que je n'étais pas seul sur cette planète. Bien évidemment, je ne faisait jamais rien de tel, me contentant de retenir ma respiration jusqu'à ce qu'une voiture, un scooter, un chien traverse mon champ de vision...
Cela finissait toujours par arriver mais dans ces couloirs, les courants d'air, les fourmis et les moutons de poussière étaient eux-même aux abonnés absents.

(à suivre)

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