jeudi 4 février 2016

Une chronique de bouquin dont je ne suis pas peu fier

Noir, très noir.

Et nerveux.
Comme une détonation d'arme à feu, comme une bastos reçu en pleine gueule. 

L'espoir ? Il n'existe pas.

 Le destin ? Une pente savonneuse nous faisant glisser sans cesse vers les marécages de la condition humaine. 

L'amour ? Inexistant, ou s'il existe, il demeure invisible, ou est affaire de loyauté.

Phrases courtes, phrases chocs. Il ne transparaît qu'une sensation de malaise, d’inéluctabilité conduisant les protagonistes à rejouer les mêmes actes d'une même vie, pourrie jusqu'à la moelle. 

Deux couples de frères, Arlo et Sepp d'un côté, Danny d'un autre qui recherche son frère disparu. Comme dans tout bon polar, ces trois-là vont se retrouver et ça finira mal. Aucune échappatoire, nul n'échappe à son destin, combien même il propose d'autres voies. 

S'extirper de sa vie, la changer, vouloir avancer les pieds pris dans le béton, dans la poisse, dans la fange. 

Et puis les accidents.

Omniprésents, ils conduisent les hommes à tenter le diable, à retomber dans leurs travers, tentants car familiers, mais destructeurs. Ils en ont conscience les frangins mais ils y courent comme des demeurés, incapable de dire stop, de se reprendre, d'espérer une autre issue. 

Noir donc.
Magnifique noir. 

Une plume experte, maladivement addictive, poisseuse, géniale. J. David Osborne ne laisse aucune chance à ses lecteurs. De la première à la dernière ligne, nous suffoquons, menaçons de nous étouffer avec nos propres errances. 
Le rythme est hypnotique, comme un bad trip, et pourtant nous sommes incapables de détacher notre regard de ses lignes qui s'étalent devant notre nez. 
Allons-nous succomber à nouveau à ce plaisir immédiat quitte à nous retrouver le cul par terre, malades à en crever de voir que tout est joué d'avance ? 
Oui, et plutôt deux fois qu'une. 

Que La Mort Vienne Sur Moi (aux éditions Rivages/thriller) nous laisse un arrière goût amer en gorge, une boule au creux de l'estomac, une gueule de bois sans avoir rien bu. 

Implacable. 

Superbe.

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