Je sonne à l'interphone
d'un petit immeuble, face au lycée Freyssinet. À peine une minute
plus tard, je vois arriver un homme, blouse blanche maculée de
taches, cheveux en bataille. S'il était une poignée d'années plus
jeune, je pourrais le confondre avec l'un des lycéens d'en face. De
qui s'agit-il ? Il s'agit d'Emmanuel Pajot, artiste peintre, qui
m'ouvre les portes de son atelier de travail.
S'il est habitant de la
rue Jean Rioche, pour des raisons pratiques, et par
professionnalisme, il travaille son art dans cet atelier aux murs
recouverts de toiles et d'installation en 3 D, mélangeant peinture
et sculpture. L'endroit est agréable, lumineux, et donne une assez
bonne définition du personnage et de son travail.
©patrick béguinel
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Emmanuel était
journaliste. Il y a cinq ans, il décide de franchir le pas, à un
moment où la question se pose à tout un chacun, à savoir « est-ce
véritablement ce que je veux faire de ma vie ? » Ainsi,
lassé par un travail répétitif, qui le conduisait sans cesse aux
mêmes endroits, à voir sans cesse les mêmes têtes (et à en voir
trop, des têtes), il décide de se lancer dans « ce qu'il
savait qu'il ferait un jour », à savoir peindre et essayer de
vivre de son art.
Choix difficile car
synonyme de perte de revenus, donc perte du fameux pouvoir d'achat
dont on parle tant en ce moment. Suite à des nombreuses discussions
avec sa femme, qui lui apporte un soutien total, il se lance :
il peindra, et ne fera désormais plus que ça !
Oui,
mais voilà, ce n'est pas si simple : aujourd'hui, les artistes
doivent enfiler plusieurs costumes dont celui de commercial. Ainsi,
si Emmanuel occupe la majeure partie de son temps à peindre ses
toiles (environ 3 toiles en même temps, afin que les temps de
séchage ne coïncident pas), l'autre est dévoué au démarchage des
galeries d'art, d'ici et d'ailleurs.
Comme
beaucoup d'artistes, il est très difficile pour Emmanuel de vivre de
son art pleinement. Les galeristes sont réticents à afficher des
peintres n'ayant pas « de nom » reconnu nationalement ou
internationalement. Il est bien trop souvent demandé à Emmanuel de
payer pour avoir le droit d'exposer, sans certitude d'aucune sorte de
vendre en retour. Son dernier voyage à Londres, où il plaçait de
bons espoirs quant à une exposition, s'est avéré décevant.
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©patrick béguinel |
Pourtant, malgré cela,
Emmanuel Pajot expose, pêle-mêle, à Quimper, à Cavan (exposition
temporaire désormais terminée), à Cognac et à Londres. Tout cela
lui permet d'être visible même si, parfois, ses efforts s'avèrent
peu payants. Qu'importe, c'est un homme heureux, et, oserai-je dire,
épanouie, dont je fais la connaissance. Il me parle de son travail
avec une modestie non feinte, argumentant qu'il « ne révolutionne
rien » dans le monde de la peinture, qu'il recycle ce qui a déjà
été fait. Quelles sont ses inspirations ? Le street art (il est
casé dans cette catégorie par les galeristes), le néo pop art (pas
celui de Warhol, mais celui plus récent qui détourne les marques et
les icônes actuelles telles Bob l'éponge, les personnages de
comics, les mangas et la pop culture en général), mais également
de tous ces mouvements précurseurs dont celui lancé par Marcel
Duchamp et son célèbre urinoir. Contrairement
à énormément de street artiste, Emmanuel ne peint pas sur les
murs. Il peint sur toile, à l'huile principalement, même s'il lui
arrive d'utiliser des bombes aérosol. L'utilisation de la peinture à
l'huile tend à apporter à ses productions une touche de noblesse,
car cette peinture demande patience et minutie, sans parler du
savoir-faire qu'elle requiert.
Au
cours de notre entretien, il est un homme dont Emmanuel me parle avec
un respect profond, un natif de Saint-Brieuc auquel la ville ne rend,
hélas, pas hommage, ce qui est fort dommage : Raymond Hains, chef de
file du mouvement dit « des affichistes ». À son image, Emmanuel
récupère des affiches ayant pour vocation à être détruites,
fragments d'affiches qu'il insère dans ses toiles, leur donnant
ainsi matière et âme. Recycler le vieux, l'inutile, pour lui donner
une seconde vie, et l'insérer dans des pièces vivantes et colorées,
voilà qui a du sens pour cet artiste à l'univers coloré, dynamique
et presque enfantin.
©patrick béguinel |
Pour
vous faire une idée plus juste du travail d'Emmanuel Pajot, vous
pouvez vous rendre sur sa page facebook :https://www.facebook.com/Emmanuel-Pajot-Artiste-Peintre-484274161621325/
Sur
son site personnel : http://www.emmanuelpajot.weonea.com/
Aller
voir ses toiles exposées à Quimper : Ma première Galerie
A
Cognac à la galerie Cognac Art
Nous
notons également que la revue Arzour existe. Elle réunie en son
sein plusieurs artistes bretons, dont Emmanuel Pajot. Il s'agit d'une
vraie revue avec plein d'articles dedans. Pour l'obtenir, contactez
l'association triphazé au 06 07 86 89 49 ou sur le facebook de Anny
Juillet Plasticienne :
https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1435894606422569&id=414721421873231
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