mardi 15 décembre 2015

Pluie de décembre

La pluie coulait en minces filaments sur la vitre du salon. La lumière des réverbères, qui illuminait la pièce, tapissait les murs d'ombres fantomatiques, en perpétuel mouvement. 
L'homme était assis face à cette fenêtre, celle qui donnait sur la rue. Sur son visage émacié, aux lèvres duquel pendait une cigarette depuis longtemps consumée, les mêmes motifs abstraits se dessinaient. Il regardait vers dehors et quand un véhicule passait, tous phares et tous feux allumés, un éclair de lucidité semblait traverser son regard figé.
La pluie tombait sans discontinué depuis le matin, et il l'entendait couler dans la gouttière, celle qui faisait l'angle, avec un glouglou rassurant, incessant qui, loin de le bercer, le maintenait éveillé.
 L'eau ne cessait de se répandre sur la chaussée, sur les murs, l'humidité lui donnait froid mais il ne tremblait pas, il n'en avait pas l'énergie. 
Vêtu d'un caleçon sale de trois jours, à la couleur passée depuis la troisième lessive, il y avait de cela une éternité, des chaussettes datant de la semaine passée et un maillot de corps maculé de tâches de graisse, il attendait que quelque chose arrive. Peut-être allait-il recevoir un coup de téléphone, ou bien peut-être quelqu'un allait-il passer le voir? Il n'en savait rien mais espérait, farouchement, religieusement, que quelqu'un, quelque chose, n'importe quoi, lui enlève un peu de la solitude qui pesait sur ses épaules décharnées.
Je ne pourrais pas vous dire si effectivement un évènement quelconque tira cet homme de sa torpeur immobile. Il était juste là, attendant un peu de lumière, de cette lumière qui envahie les hommes lorsqu'ils ne se sentent pas complètement seuls.

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